lundi 12 janvier 2009

Seventies - le choc de la photographie américaine

(photo de l'auteur)


Si j’ai choisi de consacrer ces dernières semaines la photo du jour à Walker Evans, Robert Frank et Louis Faurer, ce n’est pas seulement parce que j’admire par dessus tout leur photographie, mais aussi parce que leurs figures tutélaires constituent un point de départ au parcours de l’exposition 70’s que propose actuellement la Bibliothèque Nationale de France dans sa galerie de photo.


Les codes de la photographie, qu’ils soient esthétiques ou qu’ils touchent au plus près à la nature même du médium, Evans et ses comparses les ont déjà bien bousculés au cours des années 40 et 50, affirmant une liberté de regard désormais débarrassée des derniers avatars de la photographie objectiviste d’avant-guerre. De la Neue Sachlichkeit et de la Straight Photography ils balaient les recherches graphiques confinant à l’abstraction, la rigueur extrême des compositions et l’esthétique très influencée par le Constructivisme. Plusieurs éléments trouvent cependant un prolongement et un approfondissement chez cette nouvelle génération de photographes qui use, à l’instar d’un Paul Strand, du snapshot (instantané) et porte un regard aiguisé sur la société de son temps.


Loins de rejeter cet héritage, les photographes américains des années 70 s’y adossent et poursuivent une exploration du réel et du médium avec plus de liberté encore. Liberté, je crois que c’est bien là le maître mot pour tenter d’approcher au plus près l’esprit des seventies et le parcours de l’exposition en rend compte à sa manière, mettant en exergue une diversité extrême de par le grand nombre de clichés et d’auteurs présentés, mais aussi par l’éclatement du contenu en une multiplicité de thématiques. Cette richesse ne nuit cependant en rien à la clarté du parcours, qui suit, de section en section, une progression particulièrement bien orchestrée entre observation du réel le plus trivial et onirisme déjanté.


Je laisse la place aux images puisque, comme le dit si bien Walker Evans "Pictures speak for themselves, visually, or they fail".


Portraits

1. Diane Arbus, Woman with accessories, N.Y.C., 1967


2. Mary Ellen Mark, Appalachian couple, 1977


3. Lee Friedlander, USA, California, 1970


Les rues

4. Charles Harbutt, Ellips, Washington D.C., 1971


5. Garry Winogrand, USA, California, Los Angeles, 1964


6. Garry Winogrand, USA, California, Los Angeles, 1969


7. William Klein, USA, New York, Amsterdam Avenue, 1954


8. Leonard Freed, USA, New York, Police work, 1975


9. Bruce Gilden, New York City, 1989


Les mondanités / Des gens ordinaires

10. Ken Ruth, Bartender, Sacramento, 1979


11. Charles Harbutt, Mannequin fashion night club, 1970


12. Ken Graves, Two business men, 1969


"A lot of people say we're chunks of meat, like cattle, but we're not. We're all individuals with dreams and aspirations like everybody else. Being a beauty contestant has taught me about myself, other people, poise and public speaking. If I had to do so."

13. Bill Owens, Our kind of people, 1975.


Les marges

14. Larry Clark, Tulsa, 1971


Géométrie / Espace

15. Charles Harbutt, New York, Park Avenue, Corporate buildings, 1970


Nature

16. Paul Caponigro, Redding Woods, Connecticut, 1968


Matière / Forme

17. Ray K. Metzker, USA, Philadelphia, 1968


18. Ralph Gibson, Sans titre, 1984


Le Miroir Obscur

19. Les Krims, A rake's revisionist regress, 1980


20. Joel Peter Witkin, The wife of Cain, 1981


22. Ken Ruth, Davenport, California, USA, 1980


23. Ralph Eugene Meatyard, Romance from Ambrose Bierce #3, 1962


L’expo, et c’est là un de ses grands mérites, prend donc la forme d’un prisme aux facettes multiples que chacun abordera selon sa sensibilité propre. Le panorama présenté, s’il n’est pas exhaustif, se veut aussi l’écho de l’engagement et des choix des conservateurs du cabinet de photo de la BNF dans l’enrichissement de la collection. L’expo rend ainsi une forme d’hommage à Jean-Claude Lemagny, qui, de 1968 à 1996 a oeuvré à la constitution du fonds, menant une politique d’acquisition dont l’exposition permet aujourd’hui de mesurer l’importance et la justesse.



Seventies - le choc de la photographie américaine

Jusqu’au 25 janvier

Bibliothèque Nationale de France – Site Richelieu

58 rue de Richelieu, Paris 2ème

Mardi-samedi de 10h à 19h, dimanche de 12h à 19h
Fermé lundi et jours fériés

Tarif plein 7 euros
Tarif réduit 5 euros

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